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Rencontre avec Fatine Moubsit

Rencontre avec Fatine > Écrit.. Et cris

Rencontre d’Auteur –  entretien (disponible également sur Youtube)
Fatine Moubsit, alias Introspectus, artiste slameuse poétesse éditée. Championne de la coupe du Maroc de Slam Poésie 2018, ambassadrice de la Coupe d’Afrique de Slam Poésie au Maroc, présidente du collectif Slamaroc et membre de la ligue Slam de France.

Vous avez sorti votre premier recueil de poésie en Septembre 2021. Vous êtes l’invité de nombreux évènements et festivals internationaux, notamment : La quatrième et la cinquième édition du Festival international de slam poésie en acadie (canada), Le festival international de Slam Poésie au Cameroun (Slameroune), le festival international ndjam s’enflamme en slam.., le festival international écran slam. Vous animez des ateliers de poetry slam, des panels et conférences et fait partie de nombreux projets de livres et anthologies sur le Slam Africain au féminin. Fatine, vous êtes Psychologue clinicienne de formation et animatrice d’ateliers de médiations thérapeutique par le Slam Poésie au sein des structures spécialisées en santé mentale.

Qu’est-ce que le slam par rapport aux autres formes d’écriture ?
Le slam est une forme d’expression oratoire, qui au-delà de l’écrit qui est le
premier processus, il fait appel à la voix et au corps. A la base le mot Slam uniquement, en argot américain signifie claque mais le Poetry slam est un concept d’évènements créé dans les années 80 par Marc Smith dans le but de rendre la lecture du poème moins élitiste et plus vivante. Ce concept est à la base une compétition entre poètes pour choisir celui qui va pouvoir claquer les oreilles des jurys pendant la soirée. Et cela, selon des règles bien précises : aucun accompagnement musical, aucune scénographie, ne pas dépasser trois minutes, en présence d’un jury et avec un texte original du poète, ne laissant au poète que sa manière de déclamer son poème. Et les membres de jury sont souvent choisi du public et ils n’ont pas forcément un lien particulier avec le slam. Et comme toute forme d’art qui évolue, et donc le slam aussi a évolué et s’est ouvert vers d’autres disciplines artistiques notamment la musique et le chant, le théâtre, la danse.. ça s’est plus connu avec grand corps malade et d’autres artistes qui ont rajouté leur touche artistiques. Mais il y a certaines personnes, des associations qui ont conservé la tradition du Slam et son esprit compétitif optant pour le nom de joute amicale.. et autres.. Mais moi j’ai envie de dire qu’il n’y a pas qu’une seule forme de slam, comme il n’y a pas une seule pratique de cette art mais il y a plusieurs façon de faire et chacun sa singularité. 

A quel moment êtes-vous tombée dans la marmite SLAM, Le choix de votre nom de scène est-il lié à votre formation de psychologue ?
Jolie expression tombée dans la marmite SLAM (sourire) ! Au départ, moi j’écrivais, l’écriture était le geste spontané qui me venait et comme je suis une amoureuse du théâtre et du piano, il m’arrivait de me surprendre en train de réciter mes écrits, de les faire vivre, de créer des mélodies pour les accompagner mais je gardais cela jusque-là pour moi, en ce moment-là je ne connaissais même pas le Slam. J’ai connu le Slam vers les années 2013, 2014 j’ai découvert le Slam par hasard, une amie qui me lisait souvent m’en avait parlé, et là d’un coup c’est comme si j’ai trouvé un nom à ce que j’aimerai faire, c’est venu comme une sorte de révélation. Mais la forme de slam que j’ai découvert n’était pas au départ le slam d’origine mais plutôt un slam transformé avec une douce musique qui accompagne la voix.. et je pense que si j’avais connu le slam dans sa forme compétitive j’allais peut-être nommer ce que je faisais de la poésie vivante.(sourire) Mon choix de nom de scène est venu nommer et couronner surtout tout le travail psychique et cathartique que j’ai fait le choix d’entretenir dans ma vie. Je dirais que sûrement mon choix de nom de scène est lié à ma formation de psychologue clinicienne d’inspiration analytique, car la formation en soi est n’est pas qu’une simple formation, mais un processus de vie, faisant appel au subjectif et au singulier en chacun de nous. Mes années d’analyse aussi y sont pour beaucoup dans ce choix. Introspectus était pour moi le mot et le nom qu’il fallait ; faisant allusion au processus d’introspection dans lequel s’inscrivent mes textes qui s’articulent autour d’une dimension autobiographique cathartique, faisant de mes mots un moment intense de remise en question remuant le familier étranger, le brut en moi-même; un instant où je vis mes mots, entre autres mes maux tout en les faisant vivre.

Quel est votre processus créatif ? à quel moment écrivez-vous ?
Je pense que ce qui a été dit avant au sujet de mon choix de nom de scène, initie un peu cette question, pour moi tout le processus est justement un moment de retour en soi, à soi et sur soi. Comme une sorte d’aller-retour pour consulter ma psyché et créer la passerelle à mes affects pour qu’ils soient subjectivés et symbolisés. Cela vient dans un geste spontané, très souvent les moments de contraintes, de tristesse, de colère, de révolte.. et là il y a un petit texte qui me vient à l’esprit que j’avais écrit à ce sujet : Ce que je gagne de ma colère, de ma tristesse, de mes malheurs, de mes maladresses, de mes frustrations, de mes douleurs, de mes déceptions traversant toutes les couleurs : Sont des mots qui naissent.. Des lettres qui prennent forme et des phrases profondes qui apparaissent.. Des affects chargées de non-dits d’autrefois, et qui se libèrent après qu’on ait tenté de les faire taire. Je pense que j’ai souvent gagné à traverser, à vivre ces états éphémères.. pour qu’aux jours joyeux, je dirais enfin que j’ai vécu, que j’ai survécu.

Quels sont les slameurs qui vous inspirent ?
Il me plait d’écouter particulièrement les slams et poésies de mes amis partout dans le monde, je trouve qu’il y a une sorte d’harmonie entre nous qui donne cette
envie d’écrire et de se partager davantage ces instants de création même aux quatre coins du monde. Je pense particulièrement à Mesko un slameur Togolais que j’ai revu et écouté en live dernièrement, je pense à mes amis poètes de la scène de scrupule de Montpellier, mes amis au Canada, au Tchad, au Cameroune. au Congo, puis au
Maroc les performances de Abderrazak Amouzoune qui a remporté le 3ème prix à la coupe du monde de slam poésie 2021 et avec qui d’ailleurs on est en train d’organiser le championnat du Maroc cette année avec un autre collectifs Moroccan Poets j’en parlerai plus tard. Mais pour ce qui m’inspire je pense particulièrement à des chanteurs qui sont proches de mon cœur, Françoise Hardy, Jacques Brel, Georges Brassens La place des femmes dans le slam ? On pense souvent à tort que c’est un milieu masculin. Prendre la parole que ce soit par le Slam, par un discours politique ou même lyrique est une manière de s’approprier l’espace public. C’est vrai que les femmes s‘émancipent et s’approprient davantage l’espace public et ont plus de visibilité ces dernières année. Et le fait de voir de plus en plus de femmes dans la scène Slam, ça ne veut pas dire qu’avant il y avait peu de femmes qui font du slam, mais il me semble que tout est question de visibilité et de choix de le faire ou pas. Finalement j’ai envie de dire que l’idée d’associer le slam au masculin nous amène à questionner qu’est-ce qu’il y a de masculin dans le slam ? et soulève surtout nos représentations sur le genre, l’expression du genre, et nos représentations sur le masculin des femmes et le féminin des hommes. Tout serait affaire de représentations et de perception.. mais il est vrai qu’aujourd’hui les femmes en s’appropriant l’espace public ose et s’autorise à être de plus en plus en avant et à créer une place propres à elles qu’avant, nos représentations nous empêchaient de concevoir.

Qui est votre éditeur ?
Mon éditeur est Abdelghani Belgsir, un monsieur au grand cœur et sensible à l’art et qui encourage et accompagne l’expression des talents artistiques écrits des jeunes et moins jeunes. Il a une maison d’édition qui s’appelle FALIA basée à Beni Mellal une ville au Maroc à 3h de Marrakech.

Comment s’est passé l’édition de votre livre ?
Mon édition s’est passée de la façon la plus fluide comme une douce eau qui coule là où il faut.. J’ai été mise en contact avec mon éditeur grâce à une amie et puis mon éditeur devint un ami c’est ainsi ! J’ai été touché un jour quand il m’a dit : « J’ai reçu ton manuscrit, je l’ai lu et c’est devenu mon rêve aussi » Ça fait quoi de voir son livre la première fois, relié, imprimé avec son nom ? J’avais l’impression d’avoir accouché pour la deuxième mais cette fois ci différemment. Quand je dis la deuxième fois parce que la première fut quand j’ai moi-même fait sorti au monde et dans mon monde, mon mémoire de fin d’étude en psychologie clinique, un livre en A4 que j’avais soigneusement conçu et crée.

 

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