Je rêve d’écrire un livre mais…#3
Envie d’écrire un roman destiné à la jeunesse ? Se dire que tout a déjà été abordé et que J.K Rolling est la référence avec Harry Potter ? Que Stéphanie Mayer avec Twilight a épuisé le sujet ? Que ce sont des thèmes inabordables et intouchables depuis ?
Rassurez-vous il y a des romans jeunesses ou Young adultes qui ont trouvé leur public. Je cite par exemple « Les Ailes d’émeraude » d’Alexiane de Lys ou « Le monde d’Anaonil » de Cécile Koppel, et plein d’autres encore comme Célia Ibanez, Frédérique Chamayou, etc.
Certes, certes, me direz-vous ; mais quels sont les ingrédients d’un roman jeunesse qui trouve son public ? Quels sont les points de vigilance que l’auteur doit prendre en considération pour que le roman soit un petit succès, sinon un grand ?
Alors, pas la peine de sortir les casseroles, juste une paire de lunettes et de quoi noter.
Nous sommes bien d’accord que si l’on souhaite écrire un roman jeunesse, il est important d’être vigilent sur les ingrédients suivants, un peu comme en cuisine :
Connaitre les attentes et les références de son lectorat: vous devez à minima connaitre vos lecteurs, leurs goûts, ce qui les accroche, leurs habitudes, leur langage, leurs façons de faire, de se parler (bien différent de mon époque). En effet, ne leur servez pas de la langue de bœuf ou de la soupe de courge s’ils préfèrent un burger-frites !
Considérer votre public: Servez-lui une histoire complexe, un peu comme un plat presque simple mais avec des saveurs riches et complexes. Le contraire serait le prendre pour un imbécile. Les ados ne se contentent pas d’histoires simples et simplistes. Rappelez-vous l’ado que vous étiez, et si vous en avez un ou une à la maison, observez-les. Echangez avec eux sur les ingrédients qui selon eux font une bonne intrigue. Regardez ce qu’ils regardent, lisez ce qu’ils lisent (quand ils lisent) pour vous imprégner de leur univers.
La distanciation : Comme dans tout autre roman, votre texte doit avoir suffisamment de distanciation. Pas de texte personnel reflétant une histoire personnelle. En résumé, ne leur servez pas le pain perdu de votre enfance.
Se démarquer dans l’approche : Démarquez-vous par votre approche de l’histoire. Là aussi les premières lignes sont un enjeu clé pour accrocher votre lectorat. C’est un peu comme la présentation de votre assiette. Elle doit donner envie avant même de l’avoir goûté. Un peu comme certaines recettes revisitées.
Oui aux descriptions, mais juste ce qu’il faut: L’ado aime l’action. Donc, pour les descriptions à la Balzac, oubliez. C’est un peu comme quand un membre de votre famille vous fait le détail du détail de la recette du pâté de canard. A la fin, vous opinez de la tête, mais vous n’êtes plus là, perdu dans la cuisine, entre le gingembre, le canard et le piment d’Espelette. Au fait, c’est quoi déjà le lieu où sont rangées les assiettes ?
Un personnage repère : votre lecteur doit pouvoir s’identifier à un personnage. Un peu comme quand vous vous identifiez à votre grand-mère pour la recette des fameuses crêpes Suzette. Par exemple, le personnage de votre roman vit un deuil. Votre lectorat doit pouvoir s’identifier à lui. Idem si vous choisissez d’intégrer une histoire d’amour complexe. Là aussi, assurez-vous que votre lecteur puisse s’identifier.
Les personnages : soignez vos personnages. Evitez les caricatures. Faites des personnages complexes, étoffés, avec un passé, même non-dit dans le roman. Dans votre assiette vous avez les ingrédients cuisinés, mais ils sont d’abord passé par la cuisine, ont eu leur parcours, leur temps de cuisson… Dans un restaurant, le cuisinier ne vous le dit pas, mais vous devinez que le plat est élaboré, réfléchi, qu’il a demandé un certain temps de préparation. Pour les personnages, c’est pareil.
Faire évoluer ses personnages : Nous sommes bien d’accord que vos personnages ne sont pas censés rester sur un banc tout le long de l’histoire et doivent évoluer dans leurs actions mais également intérieurement. Ils doivent grandir, s’enrichir, se rapprocher de leur but. Imaginez un cuisinier qui se destinerait à devenir grand chef, mais ne cuisinerait que le même plat sans faire évoluer sa recette.
Un bouquet d’humour que diable ! L’humour est essentiel dans votre histoire, un peu comme le thym ou le sel en cuisine. Ni trop, ni pas assez. Juste ce qu’il faut. C’est parfois par l’humour que vous accrochez votre lectorat. Là, tout de suite me vient le livre « quelle épique époque opaque » d’Anne Pouget.
Le suspens : pourquoi la plupart des ouvrages font que l’on ne décroche pas de l’histoire ? Que l’on est dans l’attente de la suite ? Parce qu’il y a du suspens. Il est important de tenir en haleine son lectorat comme l’on garde un enfant à table pour le dessert. Qui n’a pas de souvenirs d’être resté à table pour la fameuse fève de la fameuse galette des rois ou le fondant chocolat miam, miam, c’est trop bon ?
Un angle d’approche bien à soi : C’est comme en cuisine. Toutes les recettes ont les mêmes ingrédients, mais c’est votre touche personnelle, votre ingrédient secret qui bottera en touche et accrochera le lecteur.
Détails inutiles à proscrire : allez à l’essentiel. Ne vous perdez pas dans les détails. Ce serait comme rajouter des ingrédients inutiles à une recettes, la rendant de délicieuse et légère à pesante. Votre histoire resterait à coup sûr, sur l’estomac de vos lecteurs.
Passerelles, ponts et liens : si vous décidez de partir sur une histoire de science-fiction, n’oubliez pas, comme dans la plupart des romans, de faire des liens entre le vrai monde et celui que vous avez créé. On le retrouve dans le monde d’Anaonil, dans Harry Potter, les ailes d’émeraude et d’autres ouvrages.
L’ingrédient ultime : La sincérité ! Soyez sincère dans votre écriture. Soyez généreux et vous-même. Soyez aligné. Même précepte que pour la cuisine. Vous verrez, les lecteurs en redemanderont comme quand vous tendez votre assiette pour la deuxième fois tellement le plat était délicieux.
J’espère que cet article vous sera utile. Bonne séance d’écriture !